dimanche 19 février 2012

Ma Nouvelle Structure, mon challenge

Localisation
La CAFT est située dans l'arrondissement de Ngoyla, dans la partie est du Cameroun. La population de l'arrondissement appartient aux groupes ethniques Ndjyiem (Bantou) et Baka.
La coopérative réunit neuf villages, lesquels ont tous accédé à la reconnaissance d'une foret communautaire, et obtenu des concessions d'usage sur des espaces boisés entre 550 et 3500 ha. Une fois ces démarches accomplies, les neuf villages décident de se structurer dans une coopérative, dans le but de faciliter et mettre en commun les efforts d'organisation et de promotion d'activités diverses, avec l'appui d'autres réseaux et organisations, comme l'Observatoire des communautés Baka et Bantou, l' OCBB, qui a d'ailleurs joué un rôle fondamentale dans le processus de création de la CAFT.
Source : P. A., Pa'ha, Case study of the agroforestry cooperative, 2006
Histoire :
La CAFT nait en 2001, sous l'impulsion de l'OCBB, une organisation déjà existante dans la région et intéressée depuis 1998 à la question de la foresterie communautaire ; une campagne de sensibilisation à la gestion forestière par les communautés avait été organisée par l'OCBB avec l'appui du WWF et de la coopération néerlandaise, campagne qui avait été suivie par la création de 20 associations de foresterie communautaire, correspondantes à 40.000 ha de foret.
L'idée de réunir les différentes forets communautaires dans une coopérative se développe à partir de plusieurs considérations:
les populations locales disposent de ressources extraordinaires, mais elles ne savent pas comment les exploiter, les transformer. Le couvert forestier de la région de Ngoyla est en effet très riche, ayant été peu intéressé par l'exploitation commerciale
les forets communautaires ne sont pas capables, individuellement, de mettre en place un type de gestion, comme celle nécessaire à l'exploitation des ressources forestières, qui demande un niveau élevé de compétences de type entrepreneurial et techniques, ainsi que d'importants capitaux initiaux nécessaires à l'investissement, dont elles ne disposent pas.
Il n'existent pas des dispositifs institutionnels d'accompagnement pour les forets communautaires; en particulier l'accès aux financements qui seraient nécessaires aux investissements est possible seulement par le biais de la possession d'un titre foncier.
Au même temps il est fait constat que les forets communautaires font face à des défis communs, qui pourraient être mieux résolus collectivement. La création de la coopérative veut répondre à ces difficultés et, par le biais de l'organisation collective, créer un dispositif d'accompagnement initiale des organisations villageoises et d'accès aux financements nécessaires au démarrage de l'exploitation. Pendant les premières trois années sont mises en place des activités d'encadrement des communautés et réalisées des analyses stratégiques des compétences et des ressources dont disposent les communautés.
En 2006 est réalisé, avec l'appui de l'OCBB et un financement de l'IUCN, un inventaire multi-ressources sur 1800 ha de foret, qui permet d'attester la diversité des ressources qui peuvent être mises en valeur. Cela permet en 2008 d'obtenir un accord de gestion concernant ces 18000 ha, signé au nom des neuf communautés qui forment la coopérative.
Les objectifs de la CAFT
La coopérative nait dans le but d'appuyer les forets communautaires dans leur organisation et la mise en place d'activités de type entrepreneurial. Des différents centres d'activités sont envisagés : l'exploitation des ressources ligneuses, la production de cacao, la valorisation des PFNL et l'eco-tourisme.
La CAFT se propose d'intervenir dans ce but à travers:
la fourniture aux organisations communautaires des ressources financières et techniques, ainsi que des compétences nécessaires au développement de différentes démarches concernant la foresterie communautaire,
le développement d'un système de commercialisation commun, au travers duquel accéder aux marchés nationaux et internationaux, autrement très excluant vis-à-vis des petits producteurs communautaires
la défense des objectifs communs auprès des instances gouvernementales et des autres acteurs externes
la promotion d'un modèle de gestion durable des ressources forestière par le développement de foresterie et la promotion d'activités de reboisement
À l'heure actuelle aucune des neufs forets communautaires n'est pas en activité; les activités d'exploitation des ressources ligneuses demeurent difficiles à mettre en place, bien que les forets communautaires disposent de tous les papiers nécessaires, à cause des investissements trop élevés qui sont nécessaires.
La CAFT a fait le choix durant les derniers années, de se tourner envers la mise en valeur d'autres ressources et de différentes formes d'utilisation des produits forestiers. L'idée mise en avant est celle de la promotion d'activités d' « exploitation artisanale » dans les forets communautaires, pour la réalisation d'objets d'art et d'artisanat, qui permettent d'utiliser les PFNL, et les déchets de l'activité forestière.
Ces activés permettent de valoriser les connaissances locales liées à l'utilisation des PFNL, en particulier les plantes médicinale avec la pharmacopée traditionnelle. La CAFT se propose d'aider le développement de nouvelles activités entrepreneuriales dans les communautés, liées à l'utilisation de ces ressources, à travers la définition des produits, la recherche de financement et l'obtention d'une certification spécifique pour ce type de produits. La démarche de certification met en avant la durabilité des activités proposées par rapport à l'activité forestière et le fait d'impliquer des femmes et des groupes marginalisés. L'obtention de la certification pour des activités relatives à la foresterie communautaire s'avère cependant compliquée, du fait du manque de mécanismes prévus et des lignes de financement et des projets spécifiques à la gestion des forets par les communautés ; les mécanismes existantes, comme le FLEGHT et le FSC, ne considérés inadaptés à la mise en valeur des formes de gestion communautaires.
Structuration de la coopérative
Les neuf forets communautaires sont membres de la CAFT et établissent avec elle un contrat de collaboration qui définit droits et obligations respectives.
La CAFT est structurée par une assemblée générale et un conseil d'administration, composé par les représentants de neuf forets communautaires. Le conseil d'administration est supervisé par un comité de contrôle, qui élit l'unité de direction générale de la coopérative.
Réflexion sur les résultats obtenus par le processus organisationnel de la CAFT
La gestion des forets communautaires est encore à un stade embryonnaire et le démarrage des activités est encore lent. Cependant les avancées connues par la CAFT dans le processus organisationnel qui a amené à la création de la coopérative et à la promotion d'activités collectives est représentatif d'un mouvement important, en termes de consolidation des approches communautaires de la gestion des ressources communes.
La CAFT vise à aller au delà du modèle de développement qui se base sur une gestion des ressources forestières centré essentiellement sur l'exploitation des ressources ligneuses, à travers la promotion et valorisation des activités et des pratiques traditionnelles propres soit aux groupes Bantou que Baka, qui seraient autrement ignorées.
La coopérative peut déjà vanter, dans les premiers années d'activité, la création de ... emplois; elle envisage que les nombreuses activités réalisables autour des forets communautaires permettraient la création d'un nombre élevé d'emplois dans la région, tant permanent que saisonniers. Les revenus dérivés de l'activité forestière et de l'utilisation des PFNL serviront en partie à la promotion d'activités nouvelles, de même que à la construction d'infrastructures d'utilité sociale et au renforcement des capacités locales. L'objectif de la coopérative est également celui d'améliorer la production agricole de la région et d'investir dans cette activité dans le but d'assurer la sécurité alimentaire de la région.
Pour atteindre ces buts, une condition qui se pose comme nécessaire pour le bon fonctionnement d'un tel projet est l'amélioration de la gouvernance tant au sein des organisations de gestion de la foresterie communautaire, que des structurations de celles-ci dans la coopérative. Il s'agit en effet de la création de nouvelles formes de gouvernance des ressources, par des nouveaux acteurs et selon des mécanismes nouveaux ; cela demande des efforts en termes de transparence et partage de l'information avec l'ensemble de la population, afin de construire des logiques de fonctionnement nouvelles qui trouvent l'accord du nombre le plus large d'acteurs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire